Elle transcende les époques et les tendances: gros plan sur l’indémodable veste en jean, pièce clé d’un vestiaire unisexe qui célèbre cette année ses 140 ans.
Après avoir créé le premier jean en 1873, la marque américaine Levi Strauss & Co. lance la Triple Pleat Blouse Jacket en 1880. Cette veste indigo, confectionnée dans une toile en denim robuste munie de poches et de rivets, tire son nom des trois plis verticaux cousus de chaque côté des boutons qui, une fois leurs fils coupés, permettent au vêtement de prendre de l’expansion. Cette pièce utilitaire, destinée à l’origine aux ouvriers comme aux cowboys, évolue au fil des décennies jusqu’à la réalisation en 1967 du modèle Type III Trucker, de Levi’s, tel qu’on le connaît aujourd’hui. Doté de rivets en cuivre et décoré de coutures en V qui affinent la silhouette, il est dès lors adopté par la contre-culture hippie. Cinquante ans (et des poussières) après ses premiers pas, il n’a pas pris une ride.
Le style
Cintrée ou oversize, taillé dans un denim brut, délavé ou coloré, le vêtement déploie ses charmes en une multitude de variantes, mais c’est encore dans sa forme originale – telle qu’elle a été imaginée, sans prétention, par Levi’s – qu’il nous séduit à tous les coups.
Les égéries
Parmi ses fans de la première heure? Marilyn Monroe, la mannequin Veruschka, le guitariste des Beatles George Harrison, Madonna et Kate Moss (en 1995, la «brindille» prend la pose pour Calvin Klein Jeans, habillée d’une veste en denim… et de pas grand-chose d’autre). La pièce culte, classique indétrônable de la garde-robe, n’a que faire du genre ou du statut social.
L’avènement
Pièce phare d’une jeunesse libre et rebelle, la veste en jean s’impose au gré des contre-cultures. Elle apparaît dans les westerns au cours des années 1930 et 1940, s’encanaille dès les fifties, alors qu’elle est adoptée par les enfants terribles d’Hollywood – de James Dean à Marlon Brando –, et côtoie les poètes de la Beat Generation. Elle devient par la suite le blouson de prédilection des mods, des hippies, des rockeurs, des punks et des rappeurs, qui le personnalisent selon leur style et leur allégeance, comme une toile vierge qu’il suffit de signer pour la faire sienne. Écussons et épinglettes s’affichent sur le denim, quand celui-ci n’est pas carrément déchiré ou décoré de clous. Le secret de ce vêtement intemporel? Son esthétique épurée affranchie des tendances (quand bien même la veste en jean devient la star des passerelles dans les années 1980 et 1990, elle se métamorphose selon les saisons et les créateurs).