Du 7 septembre au 3 octobre 2023 s’est tenu le marathon des défilés printemps-été 2024 dans les quatre capitales majeures de la mode. De New York à Paris en passant par Milan et Londres, de jeunes stylistes débordant de talent ont fait vibrer notre radar. Focus sur 11 d’entre eux.
Le fashion month printemps-été 2024 s’est officiellement achevé le mardi 3 octobre 2023. Pendant quatre semaines, les designers participant aux quatre principales semaines de la mode occidentale ont présenté leurs nouvelles collections face aux amateurs et aux professionnels de la mode et cette saison s’annonçait particulièrement trépidante pour celleux qui s’intéressent à la jeune création.
Dans chaque ville, des talents émergents ont été invités à rejoindre le calendrier officiel pour présenter le fruit de leur travail au même titre que les grandes maisons de luxe bien établies dans l’industrie. On pense au jeune label Diotima à New York, à Aaron Esh à Londres, à la star montante Karoline Vitto à Milan ou encore Alainpaul à Paris.
Venus défendre leur potentiel et attirer l’attention de futurs investisseurs, cette nouvelle garde de talents a trouvé en nous de nouveaux admirateurs.
Zoom sur 11 jeunes marques de mode à suivre au lendemain de cette fashion week :
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Diotima
Nom ? Diotima. Année de lancement : 2021. Seulement deux ans après sa création, la fashion week de New York lui a ouvert ses bras pour la première fois. Et en découvrant sa première collection présentée dans le cadre de la semaine de la mode, on comprend bien pourquoi.
La collection Diotima printemps-été 2024 est frappante. Elle a été conçue en collaboration avec Laura Facey Laura Facey, une artiste jamaïcaine reconnue qui consacre une grande partie de ses sculptures à la mémoire de l’esclavage. Rachel Scott, la fondatrice de Diotima, a ainsi pensé cette garde-robe autour d’une réflexion sur les séquelles et l’héritage de l’esclavage dans les Caraïbes et plus précisément en Jamaïque, sa terre d’origine.
En résulte un inventaire complet et éthéré, garni de marcels aux tons terreux, de tailleurs à rayures, et de robes-chemises blanches. Le filet, pièce de mode incontournable aux Antilles est remasterisé. On peut dire que le fil rouge ici est un assortiment de robes en crochet tentaculaires.
En voyant cette démonstration, nous, on n’a eu envie de tirer le fil pour comprendre tout l’univers Diotima. On apprend alors que Rachel Scott s’est donnée pour mission de mettre l’emphase sur l’artisanat local, raison pour laquelle ses pièces sont produites entre la Jamaïque et New York. De plus, elle a pour vocation de mettre la culture caribéenne au sens large sur le devant de la scène mode.
Diotima se veut le reflet de l’histoire d’hier et d’aujourd’hui. Ses vêtements sont faits de crochet fabriqué en Jamaïque et de tweed sourcé au Royaume-Uni, une manière de raconter les liens qu’entretiennent ces deux contrées unies par un rapport conflictuel qui est celui de colonisateur et colonisé.
On veut déjà en voir plus de la part de Diotima. Cela fait du bien de voir une créatrice racisée rejoindre le calendrier officiel de la Fashion Week à une heure où on ne compte encore que trop peu de femmes dans ce cercle très fermé.
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Grace Ling
Vous ne connaissez peut-être pas encore son nom, pourtant les célébrités les plus en vue portent déjà ses créations. De Jennifer Lopez à FKA Twigs, la singapourienne Grace Ling conquis les coeurs de celleux qui tiennent à leur réputation mode.
Si vous voulez savoir pourquoi, il suffit de jeter un oeil à son premier défilé new-yorkais qui s’est tenu le 13 septembre 2023.
Intitulée NEVERLAND, sa collection de rêve pour le printemps-été 2024 s’est articulée autour du rapport entre le corps et les objets. Au programme ? Des vêtements en jersey stretch ou en maille sublimés par des empiècements et des détails métalliques.
En témoignent une bralette à armature argentée parfaite pour une tenue de soirée et une jupedrapée sur laquelle est greffé une plaque en métal au niveau de la chute de reins.
La femme Grace Ling est un personnage moderne qui ne jure que par des vêtements surréalistes réalisés qui naissent de la rencontre entre la mode et la prouesse technologique. On doit dire qu’on l’a compris dès le look d’ouverture lorsqu’on a découvert un corset Grace Ling en métal à lignes irrégulières qui semble se dissoudre sur le corps.
Nous, on pense que la jeune styliste, s’inspire des plus grands génies de la mode comme Thierry Mugler et Jean Paul Gaultier qui ont excellé dans l’art du corset futuriste. Du haut de ses 26 ans et on ferait bien de suivre son travail de près.
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Karoline Vitto
Quand on parle de la nouvelle garde de jeunes créateurs de mode, le nom Karoline Vitto revient très souvent dans la conversation.
En février 2023, elle défilait pourFashion Esat et en septembre 2023 elle a de nouveau présenté une collection avec le soutien de ce hub pour talents londoniens émergents. Il semble qu’en l’espace de 7 mois, Karoline Vitto a tapé dans l’oeil des maîtres à jouer de l’industrie puisque durant ce fashion monthprintemps-été 2024, elle a également défilé en Italie cette fois-ci avec le soutien de Dolce & Gabbana.
C’est dans le cadre de leur nouveau projet collaboratif que les créateurs de la griffe italienne ont ouvert leur atelier et ont offert les moyens matériels nécessaires à la créatrice d’origine brésilienne pour qu’elle organise son premier défilé à Milan.
Lors du défilé précédent elle côtoyait plusieurs marques mais ce 25 septembre, Vitto a eu droit à son propre défilé et elle en a profité pour dévoiler une collection désirable et lumineuse avec un casting de mannequins très inclusif.
De quoi réaffirmer les engagements de cette marque éponyme qui propose des pièces de mode jusqu’à une taille 56. Foncièrement vouée à rendre toutes les beautés visibles, on est sûres que Karoline Vitto va être un élément important pour l’industrie de la mode et ses consommateurs.
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Didu
C’est durant la semaine de la mode parisienne qu’a défilé Didu. Le label de mode propulsé dans la lumière grâce notamment à une apparition dans la série The Idol se consacre à explorer les différentes définitions de la féminité. Le mercredi 27 septembre à l’Hotel de Massa, elle n’a fait que le confirmer.
La collection estivale pensée par la styliste Di Du retravaille l’uniforme de travail en invitant confort et sensualité au premier plan.
L’association d’une chemise sous un crewneck combinée à un micro-short de pyjama et un combo chaussettes-escarpins devient une tenue tout à fait sortable. Chez elle, les jupes semi-transparentes, les paires de lunettes de vue et les vestons portés sans soutien-gorge gagnent en sexyness.
Ce qu’on a aimé chez Didu cette saison ? C’était la mise en scène. À la fin du défilé, ses mannequins ont jailli de toutes parts et sont entrés en collision les uns avec les autres créant un sorte de désordre orchestré peu habituel à la fin des shows notamment chez les grandes maisons. C’est là que les talents émergents sortent leur épingle du jeu.
Di Du souhaite qu’il se passe toujours quelque chose d’inattendu pendant ses défilés et c’est aussi pour cette raison qu’on veut assister à chacun de ses shows dans le but d’éviter la monotonie du fashion month.
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Omôl
Le mardi 26 septembre à Paris s’est tenue la présentation Ritz Designers mise en place par le bureau de presse Dresscode. Visant à faire découvrir les nouvelles collections des marques de son catalogue et celles d’autres griffes qui s’y ajouteront potentiellement, on y a croisé des créateurs émergents qui, on le pense, vont faire des étincelles dans la scène mode.
À commencer par OMÔL. La maison de mode lancée par Nathalie Chebou Moth est depuis deux ans sur le radar des aficionados de mode les plus averties et à raison.
Ce qui est frappant dans son style ? C’est l’absence de banalités. À en voir ses créations, on comprend que la jeune créatrice qui travaille en parallèle dans la tech ne s’est pas lancée dans la mode pour devenir une énième marque de mode qui imite les tendances actuelles.
OMOL, c’est un vestiaire complet truffé d’items déclinés dans des teintes vibrantes et dans des textures oniriques.
Ces vêtements produits au Cameroun oscillent entre deux terrains distincts : l’evening wear et la garde-robe de jour ; et peu importe l’endroit où on les arbore, on est sûres de se faire remarquer pour notre allure glam-chic.
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Marlea
C’est également lors de la présentation Ritz Designer qu’on a fait la connaissance d’une jeune marque de mode monégasque qui promet. Elle porte le doux nom de Marlea, contraction des prénoms de ses fondatrices Marine et Léa.
Elle a été créée à l’été 2021 et depuis son lancement Marlea, trace son sillon dans le cercle des maisons de vêtements proposant des créations party-friendly.
Il suffit de voir ses robes cache-coeur lamées et ses combinaisons à paillettes dont l’esthétique est inspirée de la mode indienne. Un pan de la mode que Léa connaît très bien puisqu’elle vit en Inde. À cela s’ajoute le soleil de la Côte d’Azur, région où est basée la marque, qui transpose son éclat sur les coloris des pièces Marléa pour faire naître un vestiaire éclatant.
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Oude Waag
Marque chinoise établie en 2018, Oude Waag est la création du styliste Jingwei Yin.
Le styliste fasciné par la mode féminine a étudié la mode dans la même école qu Alexander McQueen et Stella McCartney avant lui, à savoir la Central Saint Martins School de Londres. Il a ensuite fait ses armes auprès d’Haider Hackermann et Hussein Chalayan et toutes ces expériences lui permettent aujourd’hui d’apprivoiser le design d’un point de vue occidental et oriental.
Cette saison, il a présenté à Paris la collection AMA, du nom des femmes japonaises qui vivent en communauté au large des côtes japonaises et pratiquent la plongée sous-marine.
Parce que fasciné par ces femmes de la mer, Jingwei Yin a créé un vestiaire rempli de clins d’oeil en leur honneur. Les mini-robes blazers sont marquées d’un imprimé coquillage tandis que le drapé des robes imite les plis visibles sur la coque des coquillages.
Quant aux gilets en maille effilée ? Ils font écho aux filets de pêche qui font partie de l’inventaire des Ama.
Bluffées par le storytelling de cette collection hommage aux Amas et à toutes les femmes indépendantes, on veut suivre le développement de ce label qui tente de se faire un nom en Europe.
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Faith Connexion
Si certains films ou oeuvres littéraires disent s’inspirer de faits réels, la marque Faith Connexion s’évertue pour sa part à retranscrire la réalité à travers les vêtements. Le label émergent a cette saison dévoilé devant son public parisien une collection destinée à révéler la confiance en soi de celleux qui la porteront.
Les hommes Faith Connexion ont ainsi foulé le podium dans des jupes et des bermudas à sequins tandis que les femmes ont adopté des robes moulantes tout aussi brillantes. Mais si nous, on se surprend encore à relever ce genre de détails, la marque a justement souhaité démontrer que pour elle, la notion de genre n’existe pas.
Ici, ce sont plutôt les influences de la marque qui sont mises en lumière. Les silhouettes présentées incarnent le cool de la tendance streetwear américaine, elles sont chics comme les Parisiens, et intemporelles comme le look des Tokyoïtes.
Depuis 2015,Faith Connexion s’inspire des villes du monde entier pour construire une garde-robe pétillante dans laquelle tout le monde peut se retrouver.
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Alainpaul
Né à Hong Kong, son père est français et sa mère danoise-brésilienne. Passé par l’École Nationale de Danse de Marseille où il a appris le ballet contemporain, Alain Paul se tourne vers la mode dans les années 2010, faisant ses armes au sein du label en vue VETEMENTS dès 2014.
Le multiculturalisme, la discipline, et l’allure. Toutes les qualités qui lui ont été enseignées depuis sa tendre enfance ont permis au créatif de 34 ans de faire une première remarquée à la fashion week de Paris le 30 septembre 2023. Il organisait alors son premier défilé sur la scène du Théâtre du Châtelet, quelques mois après le lancement de sa griffe baptisée Alainpaul qu’il a co-fondée avec son mari Luis Philippe.
Ses pièces de mode glamour sublimées par de beaux drapés, sa maîtrise de l’art sartorial, et les clins d’oeil à la garde-robe des danseurs classique ont émerveillé les spectacteurs.
Assez pour qu’on considère la marque co-créée par l’ancien danseur comme une étoile montante de la mode française.
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Minuit
‘il fallait encore une preuve que Paris est la capitale de la jeune création, la voici. La créatrice française Laurie Arbellot a lancé Minuit en 2020 et elle se fait petit à petit un nom dans le cercle des marques de mode françaises en vue.
Déjà adopté par les actrices Camille Razat et Angelina Woreth, le label Minuit (aussi orthographié 00-00, ndlr) s’amuse à réinventer nos pièces préférées dans ses versions toujours plus sensuelles.
Chez Minuit la naked dress se parle par exemple de motifs zig zag tandis que la robe en maille de l’hiver est ajourée par une découpe au niveau des côtes. Cette saison, celle qui a rejoint le calendrier officiel de la fashion week de Paris a joué la carte de la fraîcheur en présentant sa collection la plus éclatante jusqu’ici.
Si le noir et l’argenté sont ses coloris fétiches, le pourpre habille désormais ses ensembles semi-transparents et la marque emploie les tissus les plus qualitatifs à l’instar de la soie Bucol.
Ce qu’on apprécie le plus avec cette enseigne créée par une ancienne étudiante du Studio Berçot ? C’est son envie de créer des vêtements qui trouvent un parfait équilibre entre style citadin et style glamour. Résultat : on fait des économies et on réduit notre consommation car avec elle, plus besoin d’acheter des vêtements uniquement pour la journée et d’autres pour le soir.
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TORISHÉJU
Son premier défilé organisé à Paris aura été moment suspendu au milieu d’une avalanche de shows. La créatrice brésilienne et nigériane TORISHÉJU a brillé pour sa première en révélant le contenu de sa collection printemps-été 2024 baptisée “Feu sur la montagne”.
Philosophique, cette collection qui porte le nom d’un chant folklorique a été pensée comme une réflexion sur la notion de beauté. Résultat :Torishéju nous a offert une garde-robe résolument expérimentale et enivrante.
Ses tailleurs ne sont pas en coton mais en laine et ses robes enroulées font écho aux pagnes que les femmes nigérianes enveloppent autour de leurs hanches en faisant un noeud. Le stylisme, assuré par Gabriella Karefa-Johnson, était impeccable et il faut dire que tous les créateurs émergents n’ont pas la chance d’avoir Naomi Campbell pour ouvrir leur premier défilé. Torishéju, si.
Comme le supermodel Paloma Elsesser, mais aussi Alton Mason ont brillé dans son beau casting inclusif.
Toutes les créations de Torishéju sont visuellement impactantes, on ne peut alors pas parler de pièce-maîtresse qui se distinguerait sur un look casual car ici rien n’est banal.