Il arrive parfois qu’un vêtement se superpose parfaitement à l’image mentale que l’on avait de lui, qu’il réponde à tous les critères que l’on avait édicté plus ou moins consciemment. Lorsque cette rencontre arrive, l’évidence est telle qu’il n’y a pas à tergiverser… comme tout récemment pour moi avec cette jupe midi blanche. Décryptage d’un coup de coeur vestimentaire.
Suspendue à un cintre, elle paraît plus volumineuse, plus présente que les autres vêtements qui l’entourent. Étant sans cesse à la recherche d’une jupe à l’ampleur New Look, ce détail m’interpelle. La ligne de la taille s’évasant doucement – et non abruptement – vers le bas me confirme que la coupe de ladite jupe risque fort d’être flatteuse. Rien de pire en effet que ces jupes amples où le tissu est froncé et emprisonné dans la ceinture, créant alors une impression de lourdeur générale.
Les plis larges et bien placés confèrent à cette jupe une rigueur que les godets n’auraient pas apporté. Or, étant donné que j’ai tendance à porter des hauts plutôt mous (tee-shirts vintages, pulls, chemises souples…), la verticalité un brin stricte de ces plis semble idéale pour contrebalancer la nonchalance de mes tops.
Les poches invisibles insérées dans les coutures latérales permettent un porté décontracté. Je ne peux pas imaginer vivre dans un vêtement au sein duquel je ne me sens pas autant à l’aise que dans un jogging. J’ai besoin que ce que je porte épouse ma gestuelle. Dans ce contexte, les poches deviennent indispensables : une jupe sans poches serait un non-sens dans mon cas personnel.
Bien plus que sa composition, c’est avant tout le tombé d’un tissu qui m’importe. Je préfère ainsi mille fois un polyester bien lourd à un 100% coton trop léger pour être élégant. Le poids du tissu – et ce surtout en matière de robes et de jupes – est primordial tant il va impacter le mouvement du vêtement. Ici le tissu est lourd, il accompagne le pas, il ne remonte pas sur la jambe, il vit librement autour du corps tout en étant dompté par la pesanteur.
Totalement immaculée, cette jupe est la copie quasi conforme d’un modèle que j’avais déniché dans une friperie il y a 25 ans de cela et qui était à l’époque devenu mon basique de prédilection. Et si elle me changeait alors de mes sempiternels baggys Carhartt, je ne lui apposais pas moins le même dress code, entre baskets de skate, tee-shirt piqué à mon frère et gilet col rond (en référence à ceux de Meg Ryan dans ” Vous avez un message “. Je l’ai adorée, portée des centaines de fois et pleurée lorsqu’elle fut irrémédiablement tachée par la chute mon encrier (oui, j’ai eu une période “écriture à la plume”…). Tomber aujourd’hui fortuitement sur sa soeur jumelle est dès lors pour moi aussi inespéré que providentiel.
Juste posée sur les hanches, elle ne comprime pas le ventre, elle ne serre pas. Son maintien est léger et incite à se mouvoir de manière fluide. Les looks auxquels elle pourrait potentiellement participer me sont apparus si nombreux que je n’ai éprouvé aucune difficulté à l’entrevoir comme l’une des pièces pivots de ma garde-robe (si l’on n’est pas capable dans une cabine d’essayage d’associer la pièce que l’on essaie avec au moins 3 ou 4 éléments de sa garde-robe, mieux vaut passer son chemin). Je l’imagine ainsi fort bien avec les ensembles suivants : Arizona + tee-shirt rouge + veste en jean clair, Arizona + pull col rond caramel + lunettes aviators dorées + collier multicolore baskets vertes (New Balance U574) + trench camel + tee shirt vert vintage + collier doré ou encore baskets vertes + gilet gris porté à même la peau + cabas bandana vert. .
Seul problème : ma longueur midi idéale est légèrement inférieure à celle de cette jupe. Par le passé, j’aurais ainsi renoncé à l’acheter en me disant qu’elle n’était pas parfaite et que cela ne valait donc pas le coup. Aujourd’hui, ma perspective a changé : je considère désormais qu’un vêtement prêt-à-porter n’étant pas une pièce sur-mesure, il est normal que celui-ci ne fonctionne pas à 100%. J’ai donc accepté avec le temps de me contenter d’un taux de satisfaction de 90% (si la pièce en question est réellement un coup de coeur), à condition d’avoir un plan pour les 10% restants. Pour cette jupe, cela signifie tenter de me faire comprendre en portugais par la couturière du village afin qu’elle la raccourcisse de cinq bons centimètres. Un petit effort qui me paraît largement justifié au vu des arguments énoncés précédemment…